Au programme également : la tempête Zeynep, un documentaire Arte, le rapport de la Cour des comptes et un livre audio
 ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌  ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ 
Logo "Un dimanche à Hambourg"

Au 26 de la Rothenbaumchaussee
Un dimanche à Hambourg

dimanche 20 février 2022 [#38]
Photo d'illustration (Daniel Bockwoldt / dpa)
Daniel Bockwoldt / dpa
Moin Moin!

Après Ylenia qui a fait voler en éclats les vitres du ferry «Tollerort» et avant Antonia attendue dans les prochaines heures, c'est la tempête Zeynep qui s'est abattue sur le nord de l'Allemagne et Hambourg. Dans la seule nuit de vendredi à samedi, les pompiers de la ville, qui avaient conseillé aux habitants de rester chez eux, sont intervenus plus de 650 fois. Des conditions météorologiques qui ont obligé à mettre en pause les transports en commun et à reporter différents événements prévus ce week-end.

Cette succession de tempêtes intervient alors que Hambourg se remémorait, jeudi, la grande crue  de 1962. La veille, à l'occasion d'une session pleinière, la présidente de l'assemblée Carola Veit rendait hommage, dans son discours introductif, aux 315 victimes des événements, particulièrement tragiques pour la population défavorisée du quartier de Wilhelsmburg. Elle rappelait également le rôle légendaire joué par Helmut Schmidt dans la gestion de crise. Pourtant, l'historiographie récente n'hésite plus à interroger ce « mythe ».

C'est aussi lors de cette réunion qu'a été abordée – j'en parlais dans l'agenda dimanche dernier – la mise en place d'une « carte de l'engagement » (Engagementkarte) pour récompenser les bénévoles hambourgeois. Soumise au vote des élus, l'initiative a été adoptée à la majorité des voix. Les propositions de l'AfD, visant à limiter la portée du dispositif, ou de la CDU, pour l'examiner d'abord en commission des affaires sociales, ont été toutes deux rejetées. Tâche a donc été donnée au Sénat de Hambourg de développer, dans les prochains mois, un concept opérationnel, en lien avec les organisations concernées. Affaire à suivre.

Viel Spaß beim Lesen et à dimanche prochain !
Arthur Devriendt

PS : merci aux donateurs pour la dose de caféine nécessaire à ce 38e numéro !

Rothenbaumchaussee 26

Imaginez un ouvrage qui vous replonge dans le quotidien des habitants d'un immeuble, à travers tout le 20e siècle. Des relations de de voisinage aux aménagements intérieurs sans oublier les trajectoires professionnelles, rien ne vous échappe de ce qui se déroule au sein de ces quatre murs. Mais au-delà de l'histoire de cette habitation, c'est une histoire de l'Allemagne et de Hambourg que vous découvrez. Ce pari, c'est celui pris (et réussi !) par l'auteur Michael Batz, avec son livre Das Haus des Paul Levy, paru en novembre dernier chez Dölling und Galitz (non traduit).
Image d'illustration (extrait du livre)
Cette histoire, c'est donc celle du numéro 26 de la Rothenbaumchaussee (cliquez ici pour localiser sur Google Maps). Situé en face de la plus visible Curiohaus, le 26 est un bâtiment de 5 étages, érigé au début des années 1920, conçu par les architectes Hans et Oskar Gerson. Deux frères qui sont  à l'origine de nombreux comptoirs ailleurs dans la ville. De ces projets antérieurs, ils reprennent l'usage de la brique rouge. Un matériau qui dénote alors dans cette allée chic et arborée, et provoque l'opposition des habitants des environs. Opposition qui ne réussira pas à remettre en cause la construction.

La brique n'est pas le seul aspect novateur de ce bâtiment. Il s'agit en effet de la première grande coopérative d'habitation à Hambourg. A l'origine du projet, le banquier Paul Levy et de nombreuses personnalités aisées issues de la communauté juive de la ville, dont Rothenbaum, avec Harverstehude et le Grindel, constituait, au début du XXe siècle, l'un des hauts lieux.
Image d'illustration (extrait du livre)
Encore particulièrement emblématique aujourd'hui, la Rothenbaumchaussee était déjà une allée importante et appréciée à l'époque. Y circulait alors le tramway, la ligne 18, comme sur sa concurrente, la parallèle Mittelweg, où l'on pouvait monter dans la ligne 9. Deux lignes et deux rues qui séparaient alors deux mondes.
Au numéro 26, où le bâtiment, d'une largeur de 32 mètres, est achevé en 1922, la façade est sobre. Ce qui est économisé pour l'extérieur est investi pour l'équipement intérieur, très moderne pour l'époque. En plus du chauffage central, chaque logement dispose de six pièces, d'une cuisine, d'une salle de bain, d'une chambre de bonne, et d'un balcon aussi bien côté cour que côté rue.
Image d'illustration (extrait du livre)
Parmi les premiers habitants, on croise alors des avocats, des éditeurs, un consul, des banquiers et des juristes. Une communauté qui sera  décimée pendant la période nazie, pendant laquelle les représentants du nouveau pouvoir vont réquisitionner le bâtiment. Une histoire racontée dans le détail dans cet impressionnant ouvrage de plus de 500 pages.

Un ouvrage qui doit sa naissance à une simple clarinette. En effet, à l'occasion de travaux de rénovation dans les combles, une clarinette y a été retrouvée. Sans aucune piste à part une indication de provenance, l'instrument ayant été fabriqué aux USA, Michael Batz s'est mis à la recherche de son propriétaire d'autrefois. Une quête restée sans succès mais qui aura permis de réunir « histoire urbaine, guerrière et mondiale dans un seul et unique bâtiment » et dans un livre à avoir dans sa bibliothèque.

L'agenda de la semaine

Image d'illustration
À travers l'Altes Land
Depuis cette semaine, les inscriptions sont ouvertes pour le semi-marathon de Hambourg qui traversera l'Altes Land. Départ prévu le 27 mars à la station de S-Bahn Neugraben. Des courses de 5 et de 10 km sont également au programme pour les moins endurants.
Site web de l'événement
Image d'illustration
La crue tragique de 1962
Dans un documentaire disponible jusqu'au 17 mai prochain, la chaîne franco-allemande Arte propose de revenir, avec de nombreuses images d'archives, sur la crue tragique de 1962 et ses dégâts dans la ville de Hambourg, en particulier dans le quartier de Wilhelmsburg.
Regarder le docu sur Arte.tv
Image d'illustration
Les œuvres d'Anita Suhr
Dernière semaine pour profiter, au centre culturel Forum Alstertal, de l'exposition consacrée à l'artiste hambourgeoise Anita Suhr, disparue en 1991. Ses œuvres exposées, une trentaine, témoigne de son rapport à la période nazie, elle qui a été emprisonnée et internée dans trois camps.
Site web de l'événement
Image d'illustration
Egils Levits invité de Hamburg 2022
Jeudi prochain, le 24 février, le président de la République de Lettonie, Egils Levits, est l'invité de la conférence européenne Hamburg 2022, organisée par le forum Vigoni. Il y prononcera un discours sur le futur de l'Europe, qui sera suivi d'une table ronde. L'événement est à suivre à distance.
Site web de l'événement
Image d'illustration
Une enfance à Harburg
Claus Günther, né en 1931, raconte son enfance sous l'ère nazie à Hambourg, dans le quartier de Harburg. Son autobiographie Heile, heile Hitler, parue chez Marless, est désormais  accessible à l'écoute, gratuitement, sur le site de la TIDE.
Ecouter le livre audio

Le coin des idées et des initiatives

Image d'illustration
Alors que la Cour des comptes française s'invite dans le débat présidentiel, alertant par la voix de son président sur un « nécessaire redressement des finances publiques », celle de Hambourg, la Rechnungshof, a également publié son rapport annuel cette semaine. Présenté le jour de la Saint-Valentin, le document de 270 pages est une somme idéale pour tous les amoureux de chiffres et de comptabilité (vous en faites partie ?). Concrètement, le rapport revient sur tous les examens réalisés en 2021 sur les données budgétaires de l'année 2020 de la ville. Une année marquée, en raison de la crise sanitaire liée au Covid-19, par un déficit

Soulignant la « grande complexité » de la comptabilité telle qu'elle est conduite à Hambourg, les examinateurs s'intéressent aux différentes politiques publiques menées pour identifier des problèmes, des retards voire d'éventuelles fautes. C'est ainsi qu'ils se plongent dans le déploiement des outils informatiques, la gestion de l'université, l'immobilier de la NDR, l'équipement en téléphonie mobile des agents de police ou encore les aides aux sans-abris. La gestion de la crise sanitaire occupe  une place importante dans le rapport. Alors que les mécanismes visant à limiter l'endettement sont forts, la ville a déclaré de nombreuses mesures liées à l'actuelle crise sanitaire pour pouvoir les financer sur crédit. Or cela ne se justifie pas pour toutes les mesures, selon la Rechnungshof. Par ailleurs, la cour souligne que trop peu de contrôles des 54 000 entreprises bénéficiaires sont réalisés. Selon ses propres analyses sur un échantillon restreint, la Rechnungshof observe des irrégularités de versement des aides dans 36% des cas.

Dans un  chapitre consacré à la stratégie de « ville numérique », engagée depuis plusieurs années, la Rechnungshof rappelle qu'une étape-clé devait être atteinte au 31 juillet 2021. Pourtant à cette date, l'administration était incapable de fournir un plan de mise en oeuvre et un calendrier précis. Pour la cour des comptes hambourgeoise, l'objectif fixé initialement à la fin de l'année 2022 est « en danger ». Avec un risque financier élevé, lié à une éventuelle obligation de remboursement des subventions versées par l'Etat fédéral.

Enfin, alors que je vous emmenais il y a peu dans la Herbertstraße, la Rechnungshof se fait critique sur la gestion des activités de prostitution et l'application de la loi  adoptée en 2017 par le parlement local. Fin 2020, 2 333 personnes étaient déclarées en tant que prostitué(e)s à Hambourg, et 165 établissements étaient autorisés, principalement dans l'arrondissement d'Altona. Pourtant, les mécanismes de contrôle ne sont pas suffisants selon la cour, qui pointent notamment le manque d'automatisme et de régularité. Par ailleurs, alors que la loi prévoit d'assurer la protection des personnes les plus fragiles, l'administration en charge des affaires sociales n'a encore travaillé à aucun concept pour assurer cette mission.
Image d'illustration
De Lille à Hambourg
Pour la revue Métropolitiques, l'universitaire Clément Barbier s'est penché sur deux projets emblématiques de renouvellement urbain. L'un dans le nord de la France, l'Union, et l'autre à Hambourg, l'IBA. A la lumière croisée de ces deux initiatives, l'auteur montre l'incapacité des pouvoirs publics à véritablement peser sur les mécanismes du marché.
Lire l'étude sur Métropolitiques
Image d'illustration
« Nous sommes ici »
Avec son projet « Wir sind hier », l'artiste américaine Talya Feldman survivante de l’attentat de Halle, souhaite cartographier les meurtres racistes et les violences policières en Allemagne, et rendre hommage aux victimes dans l’espace urbain. Comme à Hambourg avec une place (encore fictive) dédiée à Semra Ertan.
Site web du projet

Le reste de l'actualité

Image d'illustration
Scholz et Tschentcher visés par une plainte
L'avocat star des barreaux outre-Rhin Gerhard Strate a déposé plainte auprès du procureur général de Hambourg contre Olaf Scholz et Peter Tschentcher. Il accuse les deux maires de Hambourg de complicité de fraude fiscale et de faux témoignage dans le scandale fiscal CumEx.
Lire l'article de Cicero
Image d'illustration
Un fauteuil à l'Elphi
Pour 1 000 ou 2 000 euros, apposez votre nom (ou celui de votre choix) sur l'une des chaises de l’Elbphilharmonie ! Un parrainage qui, sous la devise « Zukunft braucht Platz » (le futur a besoin d'espace), a pour but de financer des actions pour les générations futures de musiciens.
Lire l'article de Fink
Image d'illustration
L'autre Carsten Brosda
Un feu de camp au Texas à 17 ans, ses larmes au cinéma ou encore son philosophe favori. Dans les colonnes de l'hebdomadaire Der Freitag, découvrez le sénateur de Hambourg en charge de la culture, Carsten Brosda, sous une autre perspective. Un entretien mené par l'écrivaine hambourgeoise Simone Buchholz, déjà croisée dans les colonnes de cette newsletter.
Lire l'interview dans Der Freitag
Image d'illustration
Des prisons à améliorer ?
Un ancien prisonnier, Otto Floegel, et des avocats dénoncent les conditions de détention dans les prisons hambourgeoises. Particulièrement ciblé, le manque d'accompagnement psychologique des détenus. Mais également des périodes de quarantaine dégradantes. Des faits que l'administration pénitentiaire conteste.
Lire l'article de la NDR
Image d'illustration
Un nouveau président
Après le départ à la retraite de Dieter Lenzen, l'université de Hambourg a un nouveau président : le médecin et neuroscientifique Hauke Heekeren, jusqu'alors vice-président de la FU Berlin. Nommé mardi, il prendra ses fonctions début mars. Un de ses objectifs ? Ouvrir davantage l'université à la société.
Lire l'article du MOPO

Dans mes oreilles - Onemillionsteps

Premier album pour les hambourgeois de Onemillionsteps ! Après le single When You're Gone, sorti en septembre dernier, les 10 pistes de White is All Colors, oscillant entre rock indé, disco et ballades folk, sont disponibles depuis quelques jours. En plus de sa musique, le trio essaie de livrer des clips visuellement réussis, à voir par exemple ici ⤵️
f67cd92b-7913-11ec-96e5-06b4694bee2a%2Fvideo-thumbnail%2F5b418e8f24da4f06d24b9d0fc826bc38_0.jpg
C'est ce titre des Onemillionsteps qui m'a accompagné cette semaine dans la rédaction de cette newsletter. Et c'est l'un des titres que vous pouvez retrouver dans la playlist spotify dédiée aux nouveautés musicales de Hambourg : «Hamburg Weekly» ! N'hésitez pas à l'ajouter à votre bibliothèque ;)
Vous avez aimé ce numéro ? N'hésitez pas à le faire savoir ! Vous pouvez transférer la lettre à vos amis, en parler sur les réseaux ou encore la soutenir financièrement en payant un café. Merci aux donateurs et à dimanche prochain !
Bouton "Buy me a coffee"
Vous recevez cet e-mail car vous êtes abonné à Un dimanche à Hambourg
Vous pouvez vous désabonner à tout moment

Arthur Devriendt, Paris, France
propulsé par EmailOctopus